Meet Jessica MacServaye

Dr Jessica MacServaye, Versailles France

Meet guest blogger, Jessica, who is embarking on a career in medicine and urges others with CP: “it’s for us to decide what we want to do and who we want to be”. Jessica is on the World CP Day Map. Are you?

I am a doctor and I have cerebral palsy.

I was born prematurely. I did not even weigh two kilograms. I was extremely fragile and shortly after my birth, my brain was out of oxygen for barely a couple of seconds. This was enough to cause irreversible brain damage. Cerebral palsy is somewhat of a lottery in the sense that you have neonatal brain damage and neurons in the brain that die randomly and don’t regenerate. I lost the neurons that control walking and balance: spastic paraparesis. At first, the doctors said that I would possibly never walk. In short, it was a bad beginning for me at the start of my life.

At the cost of surgical intervention, it took me three years before I could walk alone. It was decided: I would be educated in a ‘regular’ environment in order for me to lead as ‘normal’a life as possible. So I found myself confronted by other children who did not understand why I did not walk like them. I had to answer to questions they had and explain to them things that weren’t too clear to me either. This task was not easy for a 5 year old kid.

Despite this, I had an ideal childhood, cherished by parents who gave me all the love a child can dream of. I was interested in many things and at my grade level, things were going very well. What was I going to do with my life ? Many different fields were opened to me. Would I become a novelist like I imagined when I was little? Journalist? Work in modern languages? In sciences which also interested me very much? Moreover, I practised the piano since the age of 7 and come from a family of musicians who love to sing, so I am also passionate about music, singing, drama and musical theater. I would try several activities.

Then, when I was in high school, I had a revelation: I wanted to become a doctor. I, who had spent much of my childhood in hospitals for medical appointments had decided that it was time for me to give back to medicine for what it had given me. Because it is thanks to the doctors that I can now stand on my two legs, however clumsy and spastic they may be. So now I know that I want to be one to help other people ! Braving the many prejudices, I took and succeeded at passing the entrance exam in medicine. I did internships in services that I knew as a patient: I was ‘on the other side’. Things had come full circle.

Today, in 2015, I completed my postgraduate medical studies. After 6 years of medical school, I’m about to start as an intern in November 2015 and I will specialize in psychiatry. I have several objectives: first try to understand best this fascinating and obscure field which is the brain and mental illnesses; help people suffering psychologically, heal the soul to better relieve the body. But also in my case, I would say to all people with cerebral palsy, or generally living with an illness or disability, that this is not what defines who you are. We need to make peace with our weaknesses and believe in our abilities. Of course, our goals need to be within reach. I’ll never be a star dancer but today, I realized my dream: becoming a doctor. There are no small or big dreams. If you believe in yourself, you’ll make yourself a success. Today I want to shout, sing loudly, even if life has not been very nice to me at first, I got to where I am and I’m proud of it. Proud of this profession which is self-giving. I also keep a place for my hobbies: singing, music, theater, journeys…

I hope this testimony will bring you hope. Cerebral palsy will never destroy what we have inside us and it’s for us to decide what we want to do and who we want to be. Of course I thank my mom and dad for their continued support and all the people who helped me get here. You who are reading this, even if like me, you have never been able to run or walk like everyone else, can keep up your hope. You, too, can keep moving forward in your own way in life!


Je suis médecin et je vis avec une paralysie cérébrale

Je suis née prématurée. Je ne pesais même pas deux kilos. Comme j’étais très fragile, peu après ma naissance, mon cerveau a manqué d’oxygène pendant à peine quelques secondes. Cela suffit à causer une lésion cérébrale irréversible. La paralysie cérébrale, c’est un peu la loterie : une souffrance cérébrale néonatale et des neurones qui meurent à jamais. Dans une région du cerveau, au « hasard ». Moi, j’ai perdu des neurones qui commandent la marche et l’équilibre : paraparésie spastique. Au début les médecins disaient que je ne marcherais peut-être jamais. Bref, c’était plutôt mal barré pour moi, pour commencer.

J’ai mis quatre ans à pouvoir marcher, au prix d’une intervention chirurgicale. C’était décidé : j’allais être scolarisée dans un milieu dit « ordinaire », afin de pouvoir mener la vie la plus « normale » possible. Je me suis donc retrouvée confrontée à d’autres enfants qui ne comprenaient pas pourquoi je ne marchais pas comme eux. J’ai du répondre à leurs questions et expliquer des choses que je ne comprenais pas tout-à-fait moi-même. Pas évident pour une enfant de 5 ans.

Malgré cela, j’ai eu une enfance idéale, choyée par des parents qui m’ont apporté tout l’amour dont un enfant peut rêver. Je m’intéressais à plein de choses et au niveau de mes résultats scolaires, ça se passait très bien. Qu’allais-je faire de ma vie ? Beaucoup de domaines s’ouvraient à moi. Allais-je devenir romancière comme je l’imaginais quand j’étais petite ? Journaliste ? Travailler dans les langues vivantes ? Dans les sciences, qui m’intéressent beaucoup aussi ? De plus, je pratiquais le piano depuis l’âge de 7 ans et suis issue d’une famille de musiciens qui adore chanter, alors, je suis aussi passionnée de musique, de chant, de théâtre et de comédie musicale… Je m’essaie à plusieurs activités.

Et puis, alors que j’étais au lycée, j’ai eu une révélation : je voulais devenir médecin. Moi qui avais passé une grande partie de mon enfance dans les hôpitaux pour des rendez-vous médicaux… il était temps que je rende un peu de ce que la médecine m’avait donné. Car oui, c’est bien grâce aux médecins que je me tiens aujourd’hui debout sur mes deux jambes, aussi maladroites et spastiques soient-elles. Alors, maintenant je sais : je veux à mon tour pouvoir soigner d’autres personnes ! Bravant les a-priori de beaucoup de gens, je réussis le concours d’entrée en médecine. Je fais des stages dans les services que j’ai connus en tant que patiente : je suis « de l’autre côté ». La boucle est bouclée.

Aujourd’hui, en 2015, je viens de passer l’internat, j’ai donc terminé mon deuxième cycle des études médicales. Après 6 ans d’études de médecine, je m’apprête à débuter en tant qu’interne en novembre 2015, et je vais me spécialiser en psychiatrie. J’ai plusieurs objectifs : d’abord tenter de comprendre au mieux ce domaine fascinant et obscur qu’est le cerveau et les maladies psychiques (sacré pied-de-nez au destin qui m’a fait grandir avec une paralysie d’origine cérébrale !) ; aider les personnes souffrant psychiquement, soigner l’âme pour mieux soulager le corps. Mais aussi, dans mon cas, je voudrais dire à toutes les personnes atteintes de paralysie cérébrale, ou plus généralement vivant avec une maladie ou un handicap, que ce n’est pas cela qui définit ce que vous êtes. Il faut faire alliance avec ses faiblesses, et croire en soi. Bien sûr il faut que les objectifs soient à portée de main. Je ne serai jamais danseuse-étoile, mais aujourd’hui j’ai réalisé mon rêve : devenir médecin. Il n’y a pas de petit, ou de grand rêve. Si vous croyez en vous, vous pourrez faire ce que vous aimez dans la vie. Aujourd’hui j’ai envie de crier, de chanter haut et fort, que même si la vie n’a pas été très sympa avec moi au début, je suis arrivée là où je suis et j’en suis fière. Même si au quotidien encore aujourd’hui rien n’est « facile » pour moi. Je garde aussi de la place pour mes loisirs : chant, musique, théâtre, voyages…

J’espère que ce témoignage vous apportera de l’espoir. La paralysie cérébrale ne détruira jamais ce que nous sommes au fond de nous, et c’est à nous de décider ce que nous voulons faire et qui nous voulons être. Bien sûr je remercie ma maman et mon papa pour leur soutien indéfectible, ainsi que toutes les personnes qui m’ont permis d’arriver jusque là. Vous qui me lisez : même si comme moi vous n’avez jamais su courir, ou marcher « comme tout le monde » … gardez espoir vous pourrez avancer, à votre manière, dans la vie !

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